Que signifierait une condamnation pour SNC?

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MONTRÉAL - Tandis que la tempête entourant les efforts de lobbying de SNC-Lavalin pour éviter un procès au criminel continue d'ébranler le gouvernement fédéral, on ignore toujours ce que signifierait véritablement une déclaration de culpabilité pour l'entreprise.
La plus grande entreprise d'ingénierie et de construction du Canada risque une condamnation au criminel pour corruption présumée de représentants du gouvernement libyen relativement à ses activités commerciales dans ce pays. Selon les règles actuelles, une telle condamnation entraîne une interdiction de dix ans de soumissionner pour des contrats fédéraux.
Le président et chef de la direction, Neil Bruce, en poste depuis 2015, a soutenu à maintes reprises que l'organisation avait tourné une nouvelle page et qu'une poursuite à ce moment ne ferait que punir les «employés innocents».
Près du tiers des revenus de 9,3 milliards $ de SNC-Lavalin en 2017 provenaient du Canada, en baisse comparativement à environ 60 pour cent des recettes de 2014. Les analystes estiment qu'environ la moitié des revenus au pays proviennent de contrats fédéraux.
L'analyste Yuri Lynk, de Canaccord Genuity, a souligné que les dommages causés à la réputation d'une cause imminente en justice pour corruption pourraient nuire à l'entreprise encore plus qu'une décennie d'interdiction des appels d'offres fédéraux.
«Cela nuit à leur réputation», a-t-il déclaré. «Leurs concurrents rappelleraient toujours aux clients qu'ils ont affaire à un groupe faisant l'objet d'accusations dans son propre pays.»
Le 10 octobre, les actions ont plongé de plus de 13 pour cent après l'annonce que les procureurs fédéraux avaient refusé un accord de réparation, signifiant l'imminence d'un procès.
Dans la tempête politique qui a suivi, divers responsables libéraux ont fait valoir le spectre de nombreuses pertes d’emplois et le risque que SNC-Lavalin retire des billes à Montréal pour s’installer à Londres.
La société emploie actuellement environ 10 000 personnes au Royaume-Uni, soit plus que les quelque 8500 personnes au Canada. Cependant, les avantages pour SNC-Lavalin de déménager à l'étranger sont loin d'être clairs.
«Qu'est-ce qu'accomplirait vraiment un transfert à Londres?», s'est demandé M. Lynk, notant que SNC-Lavalin ferait face à la même restriction de contrats pour dix ans au Canada.
Le Royaume-Uni constitue une base majeure pour les sociétés d'ingénierie dans l'Union européenne, mais ce pont risque de s'effondrer avec le départ imminent du pays de l'UE.
«L’une de nos principales préoccupations concernant le Royaume-Uni est l’impact du Brexit (...). Ce n’est donc pas aussi simple que de dire "Allons de Montréal à Manchester et tournons la page"», a affirmé l’analyste Chris Murray, d’Altacorp Capital.
Le récent accord de libre-échange conclu entre le Canada et l'Union européenne permet aux entreprises européennes de soumissionner pour des contrats avec le gouvernement canadien, ouvrant potentiellement la porte à SNC-Lavalin par l'entremise de filiales, telles que la société londonienne WS Atkins, qui n'est pas inscrite dans l'affaire au criminel, soutient l'analyste Derek Spronck, de RBC Dominion valeurs mobilières, dans une note de recherche.
D'autres experts affirment que même si la société se concentrait davantage à l'étranger, une condamnation au criminel au Canada pourrait la placer sur des listes noires dans d'autres pays.
Par Christopher Reynolds - La Presse Canadienne

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