Une sonde de la NASA survit à l'exploration la plus lointaine de l'histoire de l'humanité

New Horizons a survolé Ultima Thule, à quelque 6,4 milliards de kilomètres de la Terre (illustration). Photo: NASA

La NASA a célébré le Nouvel An avec le survol historique par sa sonde New Horizons de l'objet céleste le plus éloigné et peut-être le plus ancien jamais observé de près, Ultima Thule, situé à quelque 6,4 milliards de kilomètres de la Terre, dans l'espoir d'en savoir plus sur la formation des planètes.

Une série de signaux impatiemment attendus, indiquant que la sonde avait survécu à sa mission à haut risque, est arrivée mardi peu après 10 h 30 (HNE), provoquant des cris de joie dans le laboratoire de physique appliquée John Hopkins, dans le Maryland. Il a fallu près de 10 heures à ces signaux pour atteindre la Terre, a indiqué l'agence spatiale américaine.
New Horizons « est en état de marche », a annoncé Alice Bowman, une responsable du projet. « Nous venons juste d'accomplir le survol le plus éloigné » jamais effectué, s'est-elle réjouie.
Près de dix heures plus tôt, à 0 h 33, New Horizons braquait ses caméras sur Ultima Thule, vestige glacé de la formation du système solaire. Les images et données collectées par la sonde commenceront à arriver plus tard mardi. New Horizons devait prendre 900 images en quelques secondes durant son survol d'Ultima Thule à une distance d'environ 3500 kilomètres.
Jamais auparavant un engin spatial n'avait exploré un objet aussi éloigné.
 Alan Stern, directeur scientifique de la mission
Un premier cliché d'Ultima Thule, pris à 1,9 million de kilomètres « seulement », a déjà livré une première surprise : sur cette image plutôt floue, cet objet de petite taille (20 à 30 km de diamètre) semble avoir une forme allongée plutôt que ronde.
À gauche, la première image à avoir été envoyée par New Horizons (1 pixel = 10 km). À droite, après un affûtage comprenant plusieurs images, on voit une forme plus allongée. Photo : Johns Hopkins University Applied Physics Laboratory
D'autres photographies devraient arriver sur Terre durant les trois prochains jours.
« La science va nous aider à comprendre les origines du système solaire », a affirmé Alice Bowman.
« Voilà une nuit qu'aucun d'entre nous n'oubliera jamais », s'est exclamé le guitariste du groupe rock Queen, Brian May, également titulaire d'un doctorat en astrophysique, qui a enregistré un morceau en solo pour l'occasion.
Une mission dangereuse
L'enjeu de cette mission est de comprendre comment les planètes se sont formées, a souvent expliqué son directeur, Alan Stern.
« Cet objet est tellement glacé qu'il est conservé dans sa forme originelle, souligne-t-il. Tout ce que nous allons apprendre sur Ultima – sa composition, sa géologie, comment il s'est formé, s'il a des satellites ou de l'atmosphère – nous renseignera sur les conditions de formation des objets du système solaire. »
Ultima Thule, découvert en 2014 par le télescope spatial Hubble, se trouve dans la ceinture de Kuiper, un vaste disque cosmique, reliquat de l'époque de la formation des planètes que les astronomes appellent parfois le « grenier » du système solaire.
Les scientifiques ont décidé d'envoyer New Horizons l'étudier, après que la sonde eut accompli en 2015 – neuf ans après son lancement – sa principale mission : envoyer des images extrêmement détaillées de Pluton.
Cette fois, « on va essayer d'avoir des images d'Ultima avec une résolution trois fois supérieure à celle utilisée pour Pluton, a expliqué M. Stern. Si on y arrive, ce sera spectaculaire. »
C'est la frontière de l'astronomie. Nous avons finalement atteint les limites du système solaire. Ces choses sont là depuis le début, et on pense qu'elles n'ont pas changé. On va vérifier.
 Hal Weaver, scientifique de l'université Johns Hopkins
51 500 kilomètres par heure
La structure principale de New Horizons mesure 0,7 mètre de hauteur, 2,1 mètres de longueur et 2,7 mètres de largeur. Une antenne parabolique de 2,1 mètres de diamètre est fixée au pont supérieur. La sonde, de la taille d'un piano demi-queue, est pilotée par le Québécois Frédéric Pelletier, ingénieur en aérospatiale. C’est lui qui a positionné la sonde afin qu'elle enregistre les données.
« C’est très éloigné, il fait très froid, et les corps célestes sont encore dans des conditions qui ressemblent à celles des planètes au début de la formation du système solaire. C’est comme un voyage dans le temps », a-t-il raconté au sujet de la mission, vendredi, au micro de Gravel le matin.
New Horizons parcourt l'univers à 51 500 kilomètres par heure. À cette allure, si elle heurtait un débris aussi petit qu'un grain de riz, elle pourrait être détruite instantanément. Toutes les 20 minutes, les caméras et les capteurs infrarouges de la sonde capturent des images d'Ultima Thule pour «  qu'à mesure qu'elle tourne et que nous nous rapprochons, nous ayons de bonnes données de toutes les parties  », explique John Spencer, scientifique du Southwest Research Institute.
Ultima Thule a été nommé ainsi d'après une île lointaine de la littérature médiévale. « Cela signifie ''au-delà de Thule'' – au-delà des limites connues de notre monde, pour symboliser l'exploration au-delà de la ceinture de Kuiper », indique la NASA.
Découverte dans les années 90, cette ceinture se trouve à quelque 4,8 milliards de kilomètres du Soleil, au-delà de l'orbite de Neptune, la planète qui en est la plus éloignée.

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