Trump plaide pour la construction du mur sans évoquer l'état d'urgence

© Carlos Barria
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CBC/Radio-Canada

Pendant huit minutes, le président Trump a répété les arguments qu'il martèle depuis des semaines, dépeignant une « crise humanitaire et sécuritaire grandissante à la frontière sud », mais aussi une « crise du cœur et de l’âme ».

Plus à l’aise lors de discours improvisés devant ses partisans, Donald Trump, adoptant un ton solennel, s’en est tenu au texte écrit sur un télésouffleur.
Contrairement à ce qu'il avait évoqué vendredi dernier, il n'a pas décrété l'état d'urgence pour construire le mur à la frontière avec le Mexique, une option qui aurait vraisemblablement abouti devant les tribunaux. Le président avait affirmé qu'il avait les pouvoirs de le faire sans l'approbation des deux Chambres.
Il a de nouveau insisté pour que la loi budgétaire inclue une somme de 5,7 milliards de dollars pour l'érection de ce mur, un enjeu au cœur de la paralysie partielle du gouvernement.
« Le mur se paiera rapidement par lui-même », a-t-il argué, évoquant encore l'entente commerciale renégociée récemment avec le Mexique et le Canada.
Reculant sur l'idée d'un mur de béton, il a plutôt proposé une barrière d'acier – comme il le fait depuis quelques semaines – prétextant que c'était « à la demande des démocrates ». Pourtant, les démocrates ne s’opposent pas au béton qui serait utilisé, mais au principe même du mur.
Présentant la structure comme la solution au trafic de drogue et à la crise d'opioïdes, il a également soutenu qu'elle permettrait de briser le cycle de l’immigration illégale, dont les femmes et les enfants, a-t-il dit, sont les premières victimes.
Appelant à plusieurs reprises aux émotions des Américains, il a notamment évoqué plusieurs victimes tuées par des migrants irréguliers.
Quelle quantité de sang américain devons-nous encore verser avant que le Congrès ne fasse son travail?
Donald Trump
Il a aussi réclamé des fonds pour l’embauche d’agents frontaliers et de juges chargés des dossiers d'immigration, pour l’achat de lits supplémentaires dans les centres de détention et pour l'aide humanitaire, des demandes appuyées par les démocrates.
La question pourrait se régler au cours d’une rencontre de 45 minutes, a-t-il déclaré.
L'allocution a débuté comme prévu à 21 h HNE sur les réseaux généralistes ABC, CBS et NBC ainsi que sur les chaînes d'information câblées CNN, Fox News et MSNBC, qui ont tous accepté d'interrompre leur programmation régulière à heure de grande écoute.
La décision des réseaux de télévision de diffuser en direct l'allocution de M.Trump qui, particulièrement au cours des dernières semaines, a multiplié les inexactitudes, voire les mensonges au sujet de ce dossier, a fait l'objet d'un débat inhabituel dans les médias et les réseaux sociaux.
En 2014, les réseaux de télévision avaient refusé de diffuser un discours de Barack Obama sur la réforme de l’immigration, jugeant le sujet trop politique.
Donald Trump poursuivra jeudi son offensive médiatique pour renouveler son plaidoyer en faveur du mur en se rendant à la frontière américano-mexicaine.

Riposte des démocrates

© Fournis par Canadian Broadcasting Corporation Jonathan Ernst


La présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, et le leader des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, qui avaient obtenu des réseaux un droit de réplique, ont à leur tour plaidé leur cause.
« Le président a choisi la peur, nous voulons commencer par les faits », a déclaré d'emblée Nancy Pelosi.
L'un après l'autre, ils ont réitéré leur opposition au mur.
Le symbole des États-Unis devrait être la statue de la liberté, pas un mur de 32 pieds.
Chcuk Schumer, leader des démocrates au Sénat
« Le président Trump doit arrêter de tenir les Américains en otage, arrêter de créer de toutes pièces une crise et ouvrir le gouvernement », a soutenu Nancy Pelosi.
Les leaders démocrates ont appelé le président à traiter les mesures traitant de sécurité à la frontière et les autres éléments de façon distincte afin de ne pas pénaiiser les travailleurs et la population.

Une des plus longues paralysies gouvernementales de l'histoire

À la Chambre, les démocrates, qui en ont le contrôle dans la foulée de l'élection de novembre dernier, entendent présenter des projets de loi visant à ouvrir les différents départements et agences fédérales les uns après les autres, selon le New York Times.
Le président du Sénat, Mitch McConnell, a cependant déjà indiqué qu'il n'entendait pas amener devant le Sénat des projets de loi qui n.avaient pas le soutien du président.
Quatre sénateurs républicains, dont les modérées Susan Collins et Lisa Murkowski, considèrent maintenant que le Congrès devrait rouvrir les services gouvernementaux.
Quelques heures avant l’allocution de M. Trump, les démocrates du Sénat ont réussi à bloquer la tenue d’un vote sur un projet de loi bipartisan sur le Proche-Orient pour protester contre la fermeture des services de l’État.
Certains sénateurs démocrates estiment que leur parti devrait refuser de voter sur tout projet de loi tant que se poursuivra la paralysie partielle du gouvernement.
À l'origine, la loi budgétaire devait être adoptée le 21 décembre 2018, mais l'absence de compromis entre le président et les démocrates a provoqué la paralysie partielle de l'administration fédérale.
Cette paralysie touche quelque 800 000 employés fédéraux; 380 000 d’entre eux sont présentement en congé forcé sans solde, et 420 000 autres continuent leur travail sans être payés.
Après 18 jours, cette fermeture des services publics est la deuxième paralysie la plus longue de l’histoire. La plus longue, survenue en 1995-1996, à l'époque du président démocrate Bill Clinton avait duré 21 jours.

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