© Photo tirée de Facebook |
Tommy Brochu - La Tribune
La famille d’Édith
Blais, cette Sherbrookoise disparue au Burkina Faso en compagnie de son ami italien,
peut compter sur Patrick Gagnon, un Québécois habitant ce pays et qui s’est
lancé à sa recherche. Après avoir parcouru des centaines de kilomètres pour
aller à la frontière samedi, il ira dimanche rencontrer un député et un
commandant de brigade de l’armée.
À lire aussi : Une Sherbrookoise portée disparue au Burkina Faso
« Je suis allé à la frontière du Togo pour voir s’ils l'avaient
passée, indique celui qui habite dans ce pays depuis sept ans. Dans les
journaux, je lisais qu’ils avaient de la difficulté à savoir s’ils l’avaient
fait. Finalement, ils ne l’ont pas passée. J’ai su qu’ils auraient été vus à Zimaré,
à 50 km de Ouagadougou, autour du 22 décembre », indique-t-il, ajoutant que les
deux voyageurs auraient pu passer la frontière illégalement, ce qui serait
surprenant.
« J’ai demandé à un ami qui est député dans cette région de me
mettre en contact avec le commandant de brigade de l’armée. Demain, je vais
là-bas avec un ami. Ça commence à être une zone un peu à risque », avoue M.
Gagnon.
Selon lui, il est « très possible » qu’Édith Blais et son
compagnon de voyage se soient fait enlever. « Avec le délai de temps et le fait
qu’il n’y a eu aucune transaction bancaire, c’est très étrange. Toutes les
pistes sont là actuellement. Ce sont de grands voyageurs, ce qui veut dire
qu’ils pourraient faire des expériences bizarres. J’espère que c’est cette
option qui est le cas. Le fait qu’ils n’aient pas donné de signe de vie à leur
famille dans le temps des fêtes, ce n’est vraiment pas normal. Ils font face à
une situation exceptionnelle, espérant que ce n’est pas trop grave »,
analyse-t-il.
Est-ce important pour lui d’aider une Québécoise disparue dans
son pays d’adoption? « Si personne ne prend en main ces choses-là, personne ne
va le faire et rien ne va se passer. Je sais que le consul de l’Italie est très
frileux dans ce genre de situation et essaie de travailler d’une manière
beaucoup trop diplomatique. Je ne pense pas que c’est la solution »,
avoue-t-il.
« Il faut faire attention où on va et ne pas aller où il ne faut
pas, conseille M. Gagnon. Il ne faut pas oublier qu’on est blancs. C’est ce que
les blancs oublient souvent. C’est l’erreur classique quand on est rendus trop
à l’aise. C’est là que les problèmes arrivent habituellement. Ce n’est
peut-être pas des djihadistes, c’est peut-être des coupeurs de route. À ce
moment-ci de l’année, c’est le gros moment des braqueurs, des invasions à
domicile et des coupeurs de route. C’est peut-être relié à ça. »
De plus, le Québécois d’origine doute de la thèse de
l’autostoppeur. « Je trouve ça bizarre, car ce n’est pas vraiment quelque chose
qui se fait ici. C’est une information que j’ai lue, mais qui n’est peut-être
pas relayée de la bonne façon. Peut-être que quelqu’un l’a référé, mais je ne
peux pas en dire plus, puisque je ne le sais pas. »
Les médias en parlent
Au Burkina Faso, les médias ont commencé à parler de la
situation. « Ça commence à tourner et à prendre dans les médias ici. Il faut
que ce soit diffusé au maximum pour qu’on puisse avoir des nouvelles. Il n’y a
pas beaucoup de blancs, donc si quelqu’un voit une blanche, début trentaine
avec des dreds,
elle est assez facile à repérer. »
« Demain, j’ai une entrevue à la radio. La nouvelle a commencé à
rouler en boucle à partir de 20 h (15h, heure du Québec) à Burkina Info. J’ai
mis en contact une journaliste avec la famille, donc un gros article en une va
sortir ici », résume M. Gagnon.
Mélanie Blais, la soeur de la voyageuse, avoue que la présence
de Patrick Gagnon sur le terrain est appréciée. « On ne le connait pas du tout,
mais il voyage physiquement. Il est allé au consulat canadien, italien, à la frontière,
il cherche activement. Ça aide beaucoup d’avoir quelqu’un là-bas. On aimerait
que ça paraisse dans les journaux. Si quelqu’un les a vus, qu’ils sauront qu’on
les cherche. C’est à cette étape que nous sommes rendus », décrit-elle.
Les politiciens silencieux
De leur côté, les politiciens du Canada se sont avérés
silencieux. Affaires étrangères Canada a pris contact avec la famille d’Édith
Blais. « Ils ont dit qu’ils nous avaient contactés plusieurs fois dans les
derniers jours, ce qui n’est pas vrai, déplore Mélanie Blais. Ils voulaient
savoir si on avait des informations et s’il y avait des transactions
financières dans son compte. Ils ne voulaient rien nous dire. Ils disent qu’ils
font des choses, mais ils ne sont pas capables de dire quoi. Il y a une ou deux
personnes là-bas qui n’ont pas de pouvoir », déplore-t-elle. « C’est très
bureaucratique, poursuit sa mère, Jocelyne Bergeron.
De son côté, La Tribune a tenté
de parler à la ministre du Développement international, Marie-Claude Bibeau,
qui est injoignable, elle qui est en voyage à l’étranger.
Le député de Sherbrooke, Pierre-Luc Dusseault, affirme qu’en ce
moment il n’est pas impliqué dans ce dossier et ne connait pas les détails.
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