Le père Donatien Nshole, secrétaire général de la conférence nationale épiscopale du Congo. / Jerome Delay/AP
© La Croix / Lucie Sarr
Jeudi 3 janvier, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) a rendu public son rapport d’observation très attendu sur le déroulement des élections présidentielle, provinciales et législatives.
Au cours d’un point de presse, en présence de nombreuses autorités politiques et diplomatiques, le père Donatien Nshole, secrétaire général de la structure a affirmé que l’Église possède des données qui consacrent le choix d’un candidat comme président…
« La mission d’observation de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) constate que les données en sa possession, issues des procès-verbaux de vote, consacrent le choix d’un candidat comme président de la République », a affirmé, jeudi 3 janvier, le père Donatien Nshole, secrétaire général de l’épiscopat congolais lors de la présentation du rapport liminaire d’observation des élections par l’Église catholique.
L’Église n’a pas donné le nom du candidat qui a été consacré par ses procès-verbaux mais le 1er janvier, le Comité laïc de coordination (CLC), l’association de laïcs catholiques congolais à l’origine des marches anti-Kabila, avait dénoncé la tentative des dirigeants congolais de couper le pays du reste du monde et de « voler » la « victoire ». « Le simple changement dans la continuité ne sera pas toléré », avait-elle ajouté, excluant une éventuelle victoire du dauphin de Joseph Kabila, Emmanuel Ramazani Shadary, candidat de la majorité présidentielle.
Un rapport très attendu
Pour les élections présidentielle, législatives et provinciales du 30 décembre en RD-Congo, l’Église catholique disposait du plus puissant réseau d’observateurs indépendants accrédités par la Commission électorale indépendante (Céni). Ils étaient 40 000. Son rapport sur le déroulement des élections était donc très attendu alors que le pays est privé d’Internet depuis le 31 décembre et que le pouvoir tente de museler la presse, notamment en bloquant les émetteurs de RFI et en rendant indisponibles certains sites Internet.
Dans son rapport du 3 janvier, la Cenco note la détermination des électeurs « malgré les irrégularités ». Elle appelle, en outre, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) « en tant qu’institution d’appui à la démocratie, à publier, en toute responsabilité, les résultats des élections dans le respect de la vérité et de la justice ».
Aux yeux de l’Église congolaise, cette structure électorale doit prendre un certain nombre de mesures pour garantir la fiabilité des élections. Elle estime notamment que la Céni ne doit tenir compte que des résultats issus du comptage manuel qui ont été publiés et affichés devant les bureaux de vote et de dépouillement.
Comme l’opposition congolaise et de nombreuses associations civiles, la Cenco a toujours mis en doute la fiabilité des « machines à voter » que comptait utiliser par la Céni pour le comptage des voix dans certains bureaux.
La Cenco affirme aussi que le contrôle de cohérence au niveau des centres locaux de compilation des résultats doit s’effectuer en présence des observateurs et des témoins et les résultats, pour être fiables, doivent être publiés « bureau de vote par bureau de vote ».
Mercredi 2 janvier, la Mission d’observation électorale de l’Union africaine (MOEUA), en marge de la publication de son rapport d’observation, avait exprimé son souhait « que les résultats qui seront proclamés soient conformes au vote du peuple congolais ».
Un possible report de la publication des résultats
De leur côté, les États-Unis ont appelé jeudi 3 janvier les autorités électorales à « respecter » le choix des Congolais en publiant des résultats « exacts ». « Ceux qui sapent le processus électoral, menacent la paix, la sécurité ou la stabilité de la RDC, ou bénéficient de la corruption risquent de ne plus être les bienvenus aux États-Unis ou d’être interdits d’accès au système financier américain », a prévenu le département d’État américain dans un communiqué.
De son côté, la Céni se plaint de subir des pressions d’organismes nationaux et internationaux. Elle évoque un possible report de la publication des résultats, initialement prévue le 6 janvier. « Nous ne dormons pas. Nous faisons de notre mieux pour qu’on publie les résultats le 6 janvier. Mais si on n’y arrive pas, à l’impossible nul n’est tenu », a déclaré Corneille Nangaa, son président. Selon lui, le travail de collecte des résultats électoraux « se fait manuellement » ce qui expliquerait les retards dans la publication des premières tendances.
« Par moments, nous payons nos propres turpitudes. Nous avions proposé une solution, on l’a refusée. Maintenant, il faut assumer », a-t-il ajouté, faisant référence au rejet de la machine à voter.
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