Paralysie de l'État : Trump évoque l'état d'urgence pour construire le mur

© REUTERS/Carlos Barria

                                                                       avec Reuters et CNN

À l'issue d'une rencontre infructueuse avec les leaders du Congrès tenue vendredi à la Maison-Blanche, le président Trump a affirmé vendredi qu'il avait les pouvoirs pour faire construire le mur à la frontière avec le Mexique sans l'approbation des deux Chambres.

La réunion, qui incluait des leaders démocrates et républicains, n'a pas permis de trouver une solution qui permettrait de remettre sur les rails l'administration fédérale américaine, partiellement paralysée depuis deux semaines.
Répondant longuement aux questions des médias à l'issue de la rencontre, Donald Trump a indiqué qu'il avait envisagé d'utiliser des pouvoirs d'urgence pour construire un mur frontalier rapidement, niant qu'il s'agissait d'une menace à l'endroit de démocrates.
« Je n'ai jamais menacé personne, mais j'ai le droit de le faire », a-t-il dit aux journalistes, ajoutant qu'il préférait pour l'instant laisser une chance aux négociations.
Une fois de plus, il a opposé une fin de non-recevoir à la réouverture des services de l'État fédéral, réclamée par les démocrates, si une son exigence d'impartir une enveloppe budgétaire de 5,6 milliards de dollars à la construction du mur à la frontière sud n'est pas respectée. Cette demande, que rejettent les démocrates, est à l'origine de la situation actuelle.
© Jacquelyn Martin
Comme il l'a fait à la fin décembre, il a fait l'apologie d'un mur ou d'une barrière en acier, « plus solide » et « plus beau » selon lui qu'un mur de béton, l'option qu'il privilégiait pourtant depuis les tout débuts.
« Nous avons eu une rencontre très, très productive et [...] nous avons fait beaucoup de chemin », a-t-il pourtant soutenu, sans toutefois préciser quelles avancées auraient été faites.

Une paralysie partielle du gouvernement pendant des années?

© Fournis par Canadian Broadcasting Corporation Evan Vucci

Avant le président, la haute hiérarchie démocrate a donné aux journalistes une toute autre version de la rencontre.
La nouvelle présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, et le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, ont tous deux affirmé en début d'après-midi que les discussions avec le président avaient parfois été « conflictuelles ».
M. Trump a d'ailleurs menacé de laisser la situation perdurer pendant « un très long moment, pendant des mois, sinon des années », a affirmé M. Schumer.
Le président a d'ailleurs confirmé qu'il se préparait à cette éventualité, tout en disant qu'il croyait que la situation pourrait se régler d'ici quelques jours.
Mme Pelosi et M. Schumer disent avoir plaidé, en vain, qu'aucun progrès ne pourra être enregistré au sujet de la sécurité à la frontière mexicano-américaine tant et aussi longtemps que l'administration fédérale restera en partie paralysée.
Ils ont tout de même assuré qu'ils entendent poursuivre les discussions avec le président.

Les républicains du Sénat continuent de se ranger derrière Trump

Les événements de la matinée laissaient déjà croire que les Américains doivent se préparer à ce que le blocage partiel de l’administration fédérale se poursuive.
Le leader de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a confirmé qu’il ne soumettra pas aux voix les propositions de loi budgétaire adoptées jeudi à la Chambre des représentants, puisqu’elle n’a aucune chance d’être signée en bout de piste par le président.
Fait à noter, M. McConnell reste à l'écart dans ce dossier. Il n'a même pas participé au point de presse du président, même si les leaders républicains de la Chambre, eux, y étaient.

La formule présentée hier par les nouveaux leaders démocrates de la Chambre n’est qu’une perte de temps. C'est une posture politique. Cela n’a pas l’appui du président. En fait, l’administration a explicitement indiqué que le président y opposerait son veto. - Mitch McConnell, leader de la majorité républicaine au Sénat
Les travaux du Sénat ont par ailleurs été ajournés jusqu’à mardi prochain, ce qui confirme qu’aucun déblocage n’apparaît imminent à l’heure actuelle.
La Chambre proposait en somme de financer tous les départements touchés par l’actuel « shutdown » jusqu’à la fin de l’année fiscale, soit jusqu’en septembre prochain, exception faite du département de la Sécurité intérieure.
Ce département aurait pour sa part été financé uniquement jusqu’au 8 février, afin que puissent se poursuivre des négociations sur la sécurité à la frontière entre le Mexique et les États-Unis.
Les démocrates, qui contrôlent la Chambre, ne veulent rien savoir du mur.

Nous ne ferons pas de mur. Cela n’a rien à voir avec la politique; un mur entre deux pays est immoral. Il s’agit d’une vieille façon de penser. - Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants
En entrevue à MSNBC vendredi, Mme Pelosi a d’ailleurs tenté de séparer les deux questions. « Le mur et la fermeture de l’administration n’ont véritablement rien à voir l’un avec l’autre », a-t-elle fait valoir.
Le président a pour sa part lié les deux, disant aux journalistes qu'il n'était pas question de régler ce dossier « par parties ».
La Maison-Blanche a par ailleurs rendu publique vendredi une lettre que le président a envoyée à tous les élus du Congrès pour présenter ses demandes, et plus particulièrement celle visant à financer le mur qu’il souhaite construire.
S’appuyant sur des chiffres fournis par la secrétaire à la Sécurité intérieure, Donald Trump y plaide que le niveau de son département est « totalement inadéquat » pour répondre à la situation de crise qui prévaut selon lui à la frontière.

Nous ne sommes plus dans une situation de statu quo à la frontière sud, mais dans une situation de crise. Un financement pour le statu quo n’est pas suffisant. - Donald Trump, président des États-Unis, dans une lettre envoyée aux élus du Congrès
La paralysie de l’administration touche quelque 800 000 employés fédéraux; 380 000 d’entre eux sont présentement en congé forcé sans solde, et 420 000 autres continuent leur travail sans être payés.
Le président a affirmé, sans fournir de preuves, que la majorité des employés soutenaient son approche au nom de la sécurité des frontières.
Le vice-président Mike Pence ainsi que le gendre et conseiller de M. Trump, Jared Kushner, participeront ce week-end à un groupe de travail sur la sécurité aux frontières.

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