Le capitaine est arrivé » : l'extrême droite contrôle maintenant le Brésil

Jair Bolsonaro est maintenant officiellement président du Brésil, après la cérémonie d'assermentation tenue dans la capitale Brasilia. Photo : Getty Images / AFP/Nelson Almeida
Jair Bolsonaro, premier président du Brésil issu de l'extrême droite depuis la dictature militaire, n'a pas déçu les attentes de ses électeurs, mardi, jour de son investiture, s'affichant contre le « politiquement correct », « l'idéologie de gauche » et promettant de « rétablir l'ordre ».


Il vient d'entamer à la tête de la première puissance d'Amérique latine un mandat de quatre ans qui dira si ce député d'extrême droite à la carrière modeste a une stature d'homme d'État.
L'accession au pouvoir de cet ex-parachutiste et ex-officier de l'armée âgé de 63 ans a été facilitée par le rejet dans l'électorat du Parti des travailleurs. La formation de gauche a dirigé le Brésil pendant 13 des 15 dernières années, avant d'être emportée par des scandales de corruption à répétition.
En octobre, Jair Bolsonaro, qui est ouvertement nostalgique de la junte militaire au pouvoir de 1964 à 1985, a séduit 55 % des Brésiliens, en dépit de ses dérapages racistes, misogynes et homophobes. Il a promis aux Brésiliens de mater corruption, violence et crise économique ainsi que d'employer la manière forte contre les gangs de trafiquants de drogue qui gangrènent le pays.
Regard bleu perçant, il a pour projet phare de libéraliser le port d'armes pour permettre aux « gens bien » de se faire justice eux-mêmes. Mardi, il a réaffirmé son intention de rapidement armer les Brésiliens, même si 61 % d'entre eux y sont défavorables.
Le nouveau président se défend toutefois d'être une menace pour la démocratie. Le soir de son élection, le 28 octobre, il a assuré que son gouvernement serait « un défenseur de la Constitution, de la démocratie et de la liberté ».
Il entend par ailleurs modifier la politique étrangère du Brésil, en diminuant l'engagement du pays dans les blocs régionaux comme le Mercosur afin de privilégier les relations bilatérales. Une autre mesure sera de se positionner dans la lignée de la politique nationaliste de Donald Trump, pour lequel il ne cache pas son admiration, et de renforcer les liens avec Washington.
Le président brésilien Jair Bolsonaro se rend, en compagnie de sa femme Michelle et d'une escorte d'apparat, à sa cérémonie d'assermentation. Photo : Getty Images / AFP/Carl de Souza


Symboles de ce nouveau cap : le souhait de Jair Bolsonaro de transférer l'ambassade du Brésil en Israël à Jérusalem, et de se retirer de l'Accord de Paris sur le climat – comme l'a fait Donald Trump.
Grand adepte des réseaux sociaux, l'ex-militaire est suivi par des millions de personnes et utilise bien le format concis du numérique pour communiquer directement avec le peuple.
Dans un entretien accordé lundi à Record TV, il s'en est pris à la bureaucratie « vraiment lourde », qui freine selon lui l'essor économique du Brésil. « Cette bureaucratie s'appuie sur des centaines d'organismes à travers le pays [...] Il nous faut mettre de l'ordre dans ce fouillis », a-t-il affirmé.
« Nous avons donné une voix à ceux qui n'en avaient pas », a lancé le politicien de 63 ans lors de son vibrant discours depuis le Palais de Planalto, mardi, où il a reçu l'écharpe présidentielle des mains de son prédécesseur, Michel Temer.
Une fois ceint de l'écharpe jaune et verte, il a montré du doigt l'écusson représentant les 27 États du Brésil, puis l'a pointé vers la foule, une façon d'être proche du peuple.
« Le capitaine est arrivé », se sont écriés plusieurs centaines de milliers de partisans massés devant le palais.

Un président polarisant

© Fournis par Canadian Broadcasting Corporation AFP/Nelson Almeida

Les déclarations de Bolsonaro, ses sorties sexistes, racistes et homophobes, en ont fait une figure particulièrement clivante au sein de la société brésilienne.
Mais il est massivement soutenu par les conservateurs du pays, notamment les chrétiens évangéliques qui représentent un quart de l'électorat.
Bolsonaro, qui est entouré de plusieurs généraux à la retraite, a promis de chasser l'éducation sexuelle des écoles et de s'opposer à un assouplissement de la législation sur l'avortement.
Sur le plan économique, le nouveau président s'est dit favorable à la réduction des retraites, aux privatisations et à la dérégulation de l'économie.
Les entreprises se sont réjouies de sa promesse de laisser carte blanche à l'économiste et investisseur Paulo Guedes, qui a fait fortune en pariant sur la baisse des marchés financiers, chargé de diriger un « super ministère » de l'Économie.
Mettre en œuvre certaines réformes comme celle des retraites constituera toutefois un défi important pour Jair Bolsonaro, qui ne dispose pas encore d'une assise politique au Congrès.
ici.radio-canada.ca avec Agence France Presse et Reuters. Voir aussi sur msn

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