Kenya : au moins quinze morts dans l’attaque d’un complexe hôtelier de Nairobi

Des voitures brûlent devant le complexe DusitD2, à Nairobi, au Kenya, le 15 janvier 2019. © Thomas Mukoya / REUTERS

L’attaque, qui a duré plusieurs heures, a été revendiquée par le groupe islamiste somalien des Chabab.
Un commando d’hommes armés a fait irruption mardi 15 janvier dans un complexe hôtelier abritant également des bureaux à Nairobi, la capitale du Kenya, faisant au moins quinze morts, selon des témoins et un employé de la morgue. Parmi les tués figurent un Américain et un Britannique, a précisé l’employé de la morgue de Chiromo. Onze autres sont des Kenyans et deux n’avaient pas de papiers d’identité sur eux, empêchant leur identification dans l’immédiat. L’attaque a été revendiquée par le groupe islamiste somalien des Chabab, dont le mode opératoire est bien connu et conforme à celui utilisé dans cette attaque.

Selon les services d’urgence, de nombreux blessés étaient toujours pris au piège tard mardi soir dans certains secteurs du complexe. Le ministre kényan de l’intérieur, Fred Matiang’i, avait pourtant annoncé plus tôt, sept heures après le début de l’attaque, que tous les bâtiments du complexe avaient été sécurisés et de nombreuses personnes évacuées.

Plusieurs heures de confrontation

Le ministre n’a fourni aucune précision sur le sort des assaillants, indiquant seulement que les forces de sécurité continuaient à ratisser les environs. Une fusillade a de nouveau retenti une heure plus tard. La police a aussi indiqué en milieu de soirée que certains assaillants se trouvaient peut-être encore à l’intérieur de l’hôtel chic du 14 Riverside Drive, plongé dans le noir par une coupure d’électricité.

La première explosion s’est produite vers 15 heures (13 heures en France) dans un autre bâtiment de ce complexe appelé DusitD2 et situé dans un quartier verdoyant de la capitale kényane mêlant habitations et immeubles de bureaux. « Cet acte criminel a commencé d’une manière coordonnée et a débuté avec l’attaque de la banque I & M, une explosion qui a visé trois véhicules dans le parking et une explosion-suicide dans le hall de l’hôtel Dusit», a déclaré dans la soirée le chef de la police kényane, Joseph Boinnet.


La brigade anti-terroriste était sur place, venue à bord d’un véhicule blindé. Une équipe de déminage a par ailleurs fait exploser le véhicule à bord duquel le commando est arrivé sur place. Des équipes de la Croix-Rouge prenaient en charge des personnes choquées et d’autres très légèrement blessées, vraisemblablement dans leur fuite.

Des soldats kenyans interviennent après l’attaque djihadiste dans un complexe regroupant un hôtel et des bureaux à Nairobi, le 15 janvier.  © Brian Iganga / AP
Opérations de guérilla et attentats-suicides

Le Kenya a déjà été la cible d’attentats djihadistes de grande ampleur. Le 7 août 1998, un attentat, revendiqué par Al-Qaida, contre l’ambassade américaine à Nairobi avait fait 213 morts et 5 000 blessés. Depuis l’entrée en octobre 2011 de l’armée kényane en Somalie pour combattre les Chabab, le pays a été durement touché. Le 21 septembre 2013, un commando islamiste avait pris d’assaut le centre commercial Westgate, à Nairobi, avant d’être éliminé après 80 heures de siège, faisant 67 morts. Le 2 avril 2015, un commando avait abattu 148 personnes dans l’université de Garissa (est), pour la plupart des étudiants.

Chassés de Mogadiscio en 2011, les Chabab ont ensuite perdu l’essentiel de leurs bastions. Mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales en Somalie, d’où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides, y compris dans la capitale, contre des objectifs gouvernementaux, sécuritaires ou civils. Ils ont juré la perte du gouvernement somalien, soutenu par la communauté internationale et par les 20 000 hommes de la force de l’Union africaine en Somalie (Amisom), à laquelle le Kenya contribue.

Cette attaque intervient trois ans jours pour jour après celle de la base kényane de l’Amisom d’El Adde, dans le sud de la Somalie. Les Chabab, vidéo à l’appui, avaient revendiqué avoir tué près de 200 militaires kényans. Lundi, un tribunal kényan a par ailleurs ordonné que trois suspects de complicité avec les auteurs de l’attaque du Westgate soient prochainement jugés, près de cinq ans après les faits.


Le Monde avec AFP et Reuters
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