© Francis Vachon Le Devoir Philippe Couillard a remis en doute la poursuite de son engagement politique lorsqu’il a pris la parole devant les militants réunis à Saint-Félicien.
Les militants résignés
Les
électeurs québécois ont jugé durement l’unique mandat du premier ministre
sortant, Philippe Couillard, en chassant son parti du pouvoir lundi soir.
Le vote libéral s’est
effondré dans les régions de Québec, de l’Estrie et de la Mauricie ; il
a même vacillé dans les régions de l’Outaouais et de Laval.
Avec 24,8 % des voix en fin de soirée, le PLQ se dirigeait vers sa pire défaite
depuis 1970. Ses 32 élus lui donnaient sa deuxième pire performance en plus de
40 ans, après celle de 1976.
« Ce
soir, bien sûr, on accepte le choix de la population », a
déclaré Philippe Couillard lorsqu’il a pris la parole devant les militants réunis
à Saint-Félicien, un peu avant 22 h. Bien qu’il ait été élu dans Roberval,
il a remis en doute la poursuite de son engagement politique.
« Il est clair qu’à titre de chef de parti, je dois accepter la
responsabilité du résultat de ce soir. Je devrai donc entreprendre une réflexion
sur mon avenir personnel. Afin de réduire la période d’instabilité qui en
résultera, cette réflexion sera courte, quelques jours au maximum »,
a-t-il affirmé, ému et droit sur la scène qu’il partageait avec sa femme,
Suzanne Pilote.
Le chef libéral a félicité son adversaire caquiste, François
Legault, pour sa victoire « nette et sans ambiguïté ».
Il s’est dit « fier » — et « pas amer » — , convaincu d‘avoir « fait ce qu’il fallait
faire » pour « jeter les bases d’un Québec plus prospère, plus juste et plus
vert ».
En fin de soirée, l’Outaouais avait perdu une partie de sa
couleur rouge : les libéraux avaient échappé les circonscriptions de Gatineau,
de Chapleau et de Papineau. Sur l’île de Laval, ils avaient plié devant les
caquistes dans Sainte-Rose et Laval-des-Rapides et avaient tout juste arraché
Vimont.
Même le château fort de Châteauguay, détenu par le PLQ depuis
1985 et représenté par le vétéran Pierre Moreau, était passé aux mains de la
CAQ.
Les militants résignés
Dans la salle de l’hôtel de Saint-Félicien, qu’ils ont tôt fait
de déserter, les quelques militants abasourdis écoutaient en silence les
résultats électoraux pendant la majeure partie de la soirée — qui s’est
terminée un peu avant 22 h 30. Sur les écrans de télévision, les cartes du Québec se
coloraient en bleu pâle à une vitesse beaucoup plus rapide que celle qu’avaient
imaginée même les plus pessimistes.
Plusieurs d’entre eux semblaient résignés et répétaient
que l’issue de cette soirée s’expliquait par la volonté de « changement »
des Québécois.
Dans les résultats, ce désir de nouveauté apparaissait net. Dans
la région de Québec, seul l’élu de Jean-Talon, Sébastien Proulx, a résisté à la
vague caquiste, qui a emporté ses collègues François Blais (Charlesbourg),
Véronyque Tremblay (Chauveau), Caroline Simard (Côte-de-Beaupré), Marie France
Trudel (Montmorency), Patrick Huot (Vanier-Les Rivières) et Philippe Gasse
(Portneuf).
En Mauricie, qu’ils avaient remportée en 2014, les libéraux ont
encaissé un balayage et concédé Maskinongé, Champlain, Laviolette–Saint-Maurice
et Trois-Rivières à la CAQ.
Même scénario en Estrie, où la victoire libérale avait été
entière il y a quatre ans. Dans Sherbrooke, le ministre Luc Fortin a mordu la
poussière devant la solidaire Christine Labrie. Sont devenues caquistes les
circonscriptions de Brome-Missisquoi, Orford, Saint-François, Mégantic et
Richmond. Il s’agit de tout un revirement dans ce dernier cas :
Richmond était une circonscription libérale depuis 1981.
En Abitibi, le PLQ a dû se contenter d’une quatrième place dans
Rouyn-Noranda–Témiscamingue, en voie de devenir solidaire. Les libéraux ont
aussi perdu Abitibi-Est et Abitibi-Ouest, où ils ont été relégués à la
troisième place. Même Ungava a glissé des mains du PLQ : le
parti y était en troisième place en fin de soirée.
Le ministre Stéphane Billette a aussi perdu dans Huntingdon,
devant la caquiste Claire Isabelle.
Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Philippe Couillard est le seul
libéral à avoir résisté, puisque Serge Simard a été évincé dans Dubuc.
Mince consolation : les libéraux ont
conservé leur mainmise sur l’ouest de l’île de Montréal et quelques châteaux
forts en Montérégie, notamment Laporte, Vaudreuil et La Pinière, défendue par
le ministre sortant de la Santé, Gaétan Barrette.
Le Devoir Par Marie-Michèle Sioui
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